Partie 6: Un petit séjour à l'hôpital et la conclusion

Très peu de temps après mon petit monologue divin couché en croix et la tête en sang, me famille décide rapidement de reprendre les choses en main. Il me font goûter à une pilule de Ziprexa, un anti-psychotique assez assommant merci. Je dors avec la tête terriblement pesante, mais en me sentant toujours immerger dans l'espace. Le lendemain je me réveille tout puissant. Je me sens la Terre, réellement. Pourtant, je ne suis plus en crise, je suis même plutôt calme pour un psychotique. Dans ma tête, moi et ma famille sommes les Grands Gardiens de la planète entière, avec Beethoven comme Dieu suprême. Je descend promener le chien dehors. En passant, je ne sais pas pourquoi, j'arrête chez la voisine. Elle non plus ne semble plus elle-même. Elle parle au Je, mais je sens encore Nous. Elle me dit que maintenant: «Nous vivons un jour à la fois». J'acquiesce avec un «mmmh mmmh» à la hauteur de ma nouvelle divinité. Une grande lourdeur m'habite. J'avance lentement, avec tout le poids de la planète sur mes épaules. J'entends dans ma tête: «Je suis Dieu. Je suis la Terre».

Rendu au soir, je suis seul dans ma chambre. Ma tête recommence un manège inquiétant. Maintenant je me crois Adam.

Je remarque mes vêtements et ils sont de trop. Adam n'était pas nu quand il a été créé? Je me déshabille pour mieux habiter mon rôle. Je suis nu et je me sens désemparé. Je dois aller à l'hôpital, je ne sais pas pourquoi, mais il le faut! Bientôt, je me met à croire qu'il faut que je me jette du balcon, comme ça il vont m'y emmener. Un peu comme avec l'idée de foncer dans la télé, je commence à me faire à l'idée. Nous sommes au 3e étage, mais dans ma tête ce n'est pas aussi haut. Les 15 mètres qui séparent le balcon de la rue ne sont dans ma tête que 3 ou 4. Oui! Il faut que j'aille à l'hôpital! Il le faut! Et dans un élan de courage, toujours nu, je m'élance vers la porte qui mène au balcon, fermement décidé à sauter.

Mon frère Yan entre alors dans la chambre, mais j'ai le temps de m'élancer avant qu'il ne m'atteigne. Merde! La porte est barrée!

Slouup! Mon frère me rattrape à temps. Une chance parce que si j'avais pu sauter, je ne suis pas certain que j'aurais été à l'hôpital vivant. Avec ce dernier manège, ma famille décide enfin de m'emmener à l'hôpital. Je crois que je suis un candidat tout à fait acceptable pour cette destination. En taxi, donc, je suis conduis jusque là.

À partir d'ici de vais accélérer les choses pour finaliser mon récit, sinon, on ne va jamais en finir.

À l'hôpital, la nouvelle réalité du monde des âmes se poursuit. Avec encore plus d'intensité d'ailleurs. Ce n'est pas pour rien que certaines personnes vivent des choses plus difficiles mentalement. Parfois, le choc de l'âme avec la personnalité fait des écarts dans les vies humaines. On a beau dire qu'en psychiatrie il n'y a que des fous, la réalité est tout autre. Plus que jamais, donc, je suis confronté à une différente réalité humaine, enfin, je crois. Beaucoup plus avec les autres patients qu'avec le personnel soignant. Il y a un peu plus de femmes que d'hommes. Il y a du monde de tous âges. Souvent, je suis confronté par certaines femmes d'âges mûrs, mais heureusement,tout autant souvent, je ressens un intense sentiment de paix et de joie.

Nous sommes quatre dans ma chambre. Un homme, en particulier, me fait un étrange sentiment. Sans le dire, il semble en effet être tout à fait au courant de ce que je vis et de son rôle dans cet endroit. Plusieurs fois il répond avec spiritualité et détachement à mes questions ou comportements. Il me fait penser à l'homme du taxi me montrant du doigt un livre d'Alice A. Bailey et à celui qui m'avait fait l'impression d'être à l'école en me faisant dire où l'on pouvait voir d'autres informations sur Maitraya et les Maîtres. Je me rappelle des phrases telles que:

«Nous sommes tous des disciples»

ou

"Ça veut dire quoi la couleur rouge?" (moi)

"Le souffle de Dieu" (lui)

ou

«Si tu ne parles pas Paul, tu ne t’élèveras pas.»

Je sors de l'hôpital après une semaine. Le monde des âmes semble s'être calmé maintenant. Je marche dans la rue et je sens l'environnement redevenu normal. Cependant, la joie et la paix sont étonnamment omniprésentes dans mon quotidien. Pendant des mois, cela durera. Je gambade dans les rues tellement je me sens heureux et le matin je me lève avec des airs de printemps dans mon plexus solaire.

C'est le paradis! Jamais je n'ai connu de temps si long et si durable de bonheur intérieur.

Je ne raconterais pas ici la suite des choses. Que ce soit ma redescente aux enfers quelques mois plus tard et ma vie d'après. Oui il y a eu d'autres rencontres énigmatiques, d'autres visions, d'autres «traumatismes» et d'autres moments de joies. Oui je suis schizophrène (type schizo-affectif), mais non je ne doute pas de l’authenticité de mon expérience spirituelle dans ma vie. C'est pour cela que j'ai fait ce blog. Maintenant, comme je l'ai si bien écrit dans mon titre principal, à vous de juger si cela a été ou non une véritable expérience spirituelle!

Merci encore une fois de votre temps et, surtout, de votre patience.

Paul M.